samedi 21 janvier 2012

L'AFFAIRE MEGAUPLOAD MISE EN CONTEXTE

7 décembre 2011
Megaupload, le site de partage de fichier, lance une pub sur le web et évidemment sur Youtube. C'est une vidéo de 4 minutes qui a coûté 3 millions de dollars à produire et qui présente un casting de première classe: Will.I.am de Black Eyed Peas, Snoop Dogg, Kanye West, Chris Brown, Lil John, Alicia Keys, Kim Kardahshian et Serena Williams. Ces artistes défilent au micro pour déclarer leur flamme au leader des sites de téléchargement direct. Ce n’est pas qu’ils soient spécialement heureux d’y être massivement piratés : ils ont tout simplement accepté de figurer dans une publicité du groupe Mega visant à redorer le blason de ses sites (MegaUpload et MegaVideo), régulièrement traités de « véreux » ou de « voyous » (rogue en V.O.) par les lobbys américains de la culture.

Kim Schmitz, le fondateur de Mégauplaod, veut même aller plus loin pour retrouver une image d’entrepreneur respectable: en rappelant que « 87% des 500 entreprises les plus fortunées ont ouvert un compte Premium chez nous », il propose de transformer Mega en « l’un des plus gros clients de l’industrie culturelle pour oublier ces conneries de “sites voyous”. On va payer les créateurs de contenus ! »

Son plan, pour le moins ambitieux, est déjà tout prêt. Deux plateformes de téléchargement légal seront lancées : Megabox pour la musique, sur le modèle d’iTunes, et Megamovie pour les films. Les internautes n’auront pas à débourser un seul centime : pour accéder à l’intégralité des contenus, il leur suffira de s’abonner au service Megakey et d’accepter que le groupe Mega prenne le contrôle de 10 à 15% des publicités affichées sur leur navigateur.

« Ça marche comme un bloqueur de pub, détaille Schmitz, mais au lieu de les bloquer, on les remplace par celles venant de notre propre régie publicitaire, Megaclick. » Schmitz, qui n’a peur de rien, envisage donc purement et simplement de « pirater » les espaces publicitaires de sites Internet ne lui appartenant pas.
9 décembre 2011
Mais la stratégie du groupe Mega a rapidement été éclipsée par une mésaventure survenue le 9 décembre 2011 à la vidéo de MegaUpload... « Cette vidéo n’est plus disponible suite à une réclamation pour atteinte aux droits d’auteur soumise par  Universal Music Group », peut-on désormais lire sur la page YouTube. Considérant apparemment que certains éléments (certains artistes signés chez eux?) leur appartiennent, Universal a demandé à YouTube de retirer la vidéo en question, et le site a obéi. Mais Kim Schmitz jure que tout est en ordre de son côté : « Soyons clairs : rien dans notre chanson ou la vidéo n’appartient à Universal Music Group. Nous avons signé des accords avec tous les artistes approuvant Megaupload ».

Universal Music venait de saboter complètement une campagne de publicité qui s'avèrait virale. En effet, des centaines de milliers d'internautes ont visionné la vidéo dans les deux jours suivant sa publication.

18 janvier 2012
Chez Megaupload, on a décidé d'intenter une poursuite contre Universal Music Group pour les arrêter d'interférer dans leurs campagnes de publicité.
Kim Schmitz: « Après cette démonstration d’abus de pouvoir par Universal, nous sommes certains qu’un instrument de censure tel que SOPA ne doit pas être mis dans les mains de ces sociétés.»

Plus de 7000 sites dont Wikipedia décident de faire un blackout de leur site pendant une journée pour protester contre le projet de loi anti-piratage sur internet (Stop Online Piracy Act (SOPA) & Protect IP (PIPA) anti-piracy bills). Une pétition anti-SOPA a recueilli plus de 7 millions de signatures. Des protestants sont aussi descendus dans les rues de New York, San Francisco, Seattle et Washington D.C.

19 janvier 2012
Le gouvernement américain décide de fermer le site Megaupload pour piratage.

Les hackers d'Anonymous contre-attaquent la même journée en rendant inaccessibles les sites du FBI, du Justice Department, d'Universal Music et de Recording Industry Association of America. Les sites étaient revenus en ligne le lendemain.


20 janvier 2012
Le sénat américain décide de différer indéfiniment le vote pour la loi anti-piratage SOPA/PIPA. Suite aux manifestations, ils préfèrent avoir un meilleur consensus sur les dispositions de la loi.